CONFERENCE de Christa Delahaye Vendredi 25 avril à APT

sur le sujet : 

" LA LITTERATURE DE JEUNESSE AUX PREMIERS TEMPS DE L'ECOLE REPUBLICAINE"

   Après Agnès Vidal qui a fait paraître en 2000 une biographie de son ancêtre : Hector Malot, l'écrivain au grand cœur, c’est au tour de Francis Marcoin, président de l’Association des amis d’Hector Malot de publier un ouvrage passionnant qui éclaire de manière inédite l’écrivain Hector Malot dans ses rapports avec la presse, avec ses confrères, avec ses éditeurs… et avec sa postérité :

Marcoin, Francis, Le cas littéraire de M. Hector Malot, Honoré Champion, 2024, 720 pages.

 Lors de l’Assemblée Générale de l’Association qui s’est tenue en ce début d’année 2025 à La Bouille, sur les bords de Seine, à deux pas de la maison natale d’Hector Malot, Francis Marcoin a présenté sa dernière publication : Le cas littéraire d’Hector Malot.

La formule est énigmatique. Elle est d’Adolphe Brisson qui intitule ainsi un de ses articles qui paraît en 1898 (dans Pointes sèches (Physionomies littéraires), Paris, Armand Colin, 1898, p. 19-25). Dans cet article, Brisson étudie Hector Malot d'un point de vue qu’on qualifierait aujourd’hui de sociologique. Il montre que, si Hector Malot remporte un grand succès, il lui a finalement toujours manqué quelque chose pour être reconnu comme un génie littéraire. Selon Brisson, Malot n'est pas assez artiste. Malot ne se définit d’ailleurs pas comme tel, contrairement à Flaubert, l’autre écrivain normand basé à Croisset de l’autre côté de la Seine. La preuve ? Alors que sa renommée est considérable, Hector Malot annonce son départ en retraite de l’écriture. Cette annonce surprenante a déclenché un déluge d’articles se moquant de cet écrivain qui prend sa retraite comme un boutiquier ! Il lui est alors reproché de mener une vie de négociant, seulement attentif à la survie et à la reproduction de son œuvre. Ce n’est pas pour rien que Malot est adhérent à la Société des Gens de lettres, créée pour défendre les droits des écrivains qui publient dans les journaux.

Selon Francis Marcoin, ce comportement de reproducteur rusé et dur en affaires, qui publie au plus offrant dans tous les journaux de France, déplaît à ses éditeurs habituels, tant et si bien que toute édition en volumes va s’arrêter avec sa mort, en dehors des œuvres pour la jeunesse notamment Sans Famille. C’est en ce sens qu’il faut comprendre cette expression de « cas littéraire », premier paradoxe d’un auteur d’une grande renommée qui organise sa postérité et consigne ce qui doit être dit de ses œuvres dans un ouvrage intitulé Le Roman de mes Romans. D'ailleurs aujourd'hui, poursuit F. Marcoin, presque tous les ouvrages qui paraissent sur Hector Malot reprennent pour argent comptant ce qu'il a mentionné dans cet écrit. Malot voulait tout maîtriser.

On le voit, l’ouvrage de Francis Marcoin met au jour, dans ses moindres détails, l’histoire de l’édition de l’œuvre. Deux sources ont rendu cette recherche méticuleuse possible. D’une part, Gallica qui publie les nombreux articles de journaux rédigés par Malot parus dans l’Opinion nationale, Le Courrier français… De nombreux écrits ont été découverts enrichissant encore considérablement la bibliographie mise en ligne sur le site.

Dans Le Courrier français, Malot s’attaque à de grands noms certes, mais sans que ça l’implique réellement. Il est extrêmement incisif mais pas de manière à se mettre dans la difficulté. On reconnaît bien la prudence de Malot qui n'aura jamais de problème judiciaire alors que ses collègues sont toujours à Sainte-Pélagie. Il s'attaque à Sainte-Beuve qui était pourtant plutôt quelqu'un de gauche ; il s'attaque au grand ministre de l'instruction publique Victor Duruy d'une manière incompréhensible parce qu'il lui reproche d'être devenu le ministre de Napoléon III; il s'attaque aussi au baron Haussmann dont il n'aimait ni les grands travaux ni le projet de transférer les cimetières parisiens à la périphérie de la ville. D'une certaine manière, il ne touche jamais aux sujets qui risquent de lui causer vraiment un certain préjudice.

D’autre part, Francis Marcoin a eu accès aux documents inédits mis à disposition par la famille : des correspondances insoupçonnées (Malot était en relation avec une quantité invraisemblable de personnes de tous bords), ainsi que des documents relatifs aux contrats avec les éditeurs. La famille dispose de documents qui montrent notamment l'action de ses héritiers pour faire vivre l'œuvre dans l’espoir de renouveler le succès de Sans Famille. Francis Marcoin a ainsi trouvé cet exemple assez savoureux d’une commande au général Lalande relative au roman La petite Sœur, roman initialement écrit pour les adultes, déjà abrégé pour la jeunesse : il lui a été demandé d’aller encore plus loin dans les coupures, aux limites du possible.

Hector Malot n’est plus lu aujourd’hui, ce qui est particulièrement injuste pour une œuvre conséquente, sauf Sans Famille qui demeure encore maintenant mondialement connue. Francis Marcoin montre que, paradoxalement, la lecture des occidentaux de Sans Famille aujourd’hui est une lecture orientale. Car le livre traduit et publié après 1915-1920 en Chine, va connaître un tel succès en Asie que l'équivalent du ministère de l'éducation nationale va le diffuser dans toutes les écoles chinoises. Sans Famille va contribuer à donner aux japonais et aux chinois, une nouvelle idée des rapports entre mère et fils, grâce au rôle de mère Barberin et même de Mme Milligan. Certes l'amour maternel existait déjà dans ces pays-là, mais l'idée qui est transmise par tous les critiques japonais, c'est qu'une nouvelle mentalité familiale s'instaurait grâce à Sans Famille, à une époque où tous les grands romans de notre tradition réaliste française, étaient traduits notamment en Chine.

Ce que montre aussi Francis Marcoin, c'est que Sans Famille, est un ouvrage totalement inattendu pour ceux qui connaissaient Hector Malot dans ses débuts. Il est d'abord un journaliste prolixe, puisqu'il va collaborer pendant très longtemps à L'Opinion nationale. Au départ, il est engagé pour tenir une chronique du roman, ce qu'il fait pendant plusieurs numéros, et ensuite, il va parler de littérature, mais hors chronique, puis il parlera de moins en moins de littérature, jusqu'au moment où il refusera même la critique littéraire. Il se consacrera à d'autres sujets. Il sera un grand défenseur du sport et de l'éducation physique. Il va aussi se faire le spécialiste du turf ; il va rendre compte des courses de chevaux sur les hippodromes français. Il ira assez souvent à Bade, ville où la haute société française se retrouvait notamment en été. Il est un peu le journaliste vapeur, comme on l'appelle ; il mène une vie extrêmement mouvante.

Qu’est-ce qui a amené Malot à Sans Famille ? Francis Marcoin rappelle qu'avant Sans Famille, Malot publie Romain Kalbris, roman très réussi qui paraît de manière très curieuse en feuilleton dans Le Courrier français, l'organe de l'internationale ouvrière. Hetzel fait de Romain Kalbris un livre d’étrennes et propose un contrat à Malot pour un livre qui deviendra Sans Famille. Le succès est considérable. À partir de là Malot deviendra « un seigneur », c'est-à-dire qu'il pourra demander ce qu'il veut. Quand il va publier En famille, le contrat sera extraordinaire.

Malot a été en relation avec quasiment tout le monde littéraire de l'époque. Pour Zola, Malot est un romancier naturaliste avant l’heure. Évidemment Malot n'ira pas dans le sens que lui propose Zola et même il fera le contraire. Ils demeureront néanmoins complices jusqu’à ce que, de manière peu compréhensible, Zola trouve que Malot « se noie » au moment où paraît Sans Famille.

Pour conclure, Francis Marcoin insiste sur la place centrale occupée par Malot dans la société littéraire de son temps. Dernier paradoxe d’un auteur qui n'est plus lu mais qui continue à être intéressant pour certains romans et qui est également intéressant en tant que représentatif du monde littéraire de son époque.

« Pour terminer, l'image qui me fascine, ici à La Bouille, déclare Francis Marcoin, puisque nous sommes réunis au bord de la Seine, c'est que Hector Malot est né là et Flaubert est né à peu près en face de l'autre côté du fleuve. À mon avis, ils représentent les deux faces les plus opposées qui soient de la littérature de cette époque-là ».

Propos mis en forme par Christa Delahaye

ARTICLE  DE FR3 SOMME

DE YOLANDE MALGRAS

DU 8 AVRIL 2025

PROMENADE LITTERAIRE DANS LES MARAIS DE LA SOMME AVEC HECTOR MALOT 

interview de JEAN-PAUL GRUMETZ  

                  Jusqu'en janvier 2025,

par Léna Bréban de la Comédie française.

                    Sans famille ・ Comédie-Française

Pas encore diffusé à la télévision, ARTE Propose dès le 3 octobre, un reportage sur la petite enfance normande du romancier.

"Au XIXe siècle, Sans famille, bestseller qui révolutionne la littérature jeunesse retrace le voyage initiatique d'un orphelin nommé Rémi à travers la France. Elevé par une nourrice, puis vendu à un saltimbanque, le jeune héros se construit en dehors des conventions sociales."

L'histoire prend sa source en Normandie où Hector Malot a grandi et vécu son propre apprentissage de la vie.

                                 Interviews de Christa Delahaye, Francis Marcoin et Agnès Vidal.

                                                     VOIR LE REPORTAGE ARTE

ETE 2023, DERNIERE ETAPE 2023 BOULOGNE-SUISSE

Erik et Lia Smits, un couple de Hollandais, réalise un projet original commencé il y a 7 ans : faire, à vélo, le voyage de Rémi dans Sans famille, roman extrêmement populaire aux Pays-Bas.

. Sur la carte de France, leur itinéraire est indiqué en rouge (2016), puis vert (2017), bleu (2018) et violet (2019), en noir (2020).

D’aout à septembre 2023 , Erik et Lia terminent leur boucle : ils s'embarquent à Boulogne sur mer pour rejoindre Londres et reconstituer l'épisode anglais du roman. Puis ils retraversent la Manche pour rejoindre Caen, jusqu'à La Bouille, où ils ont été accueillis à la Mairie.

De La Bouille, ils ont rejoint, en suivant les cours d’eau de France,  la Suisse, pour retrouver la maison de Madame Milligan, où se termine le roman.

C’est 2 150 km en total, sur 4 semaines, dans la période 24 aout à 23 septembre 

Le Lundi 28 aout, les cyclistes ont fait étape à LA BOUILLE et ont été reçus à la mairie pour un pot de l'amitié.

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